Mardi 19 avril
Conférence animée par Sara Keller, chercheur résident à l'Institut d'Etudes Avancées de Nantes - Laboratoire " Orient et Méditerranée " UMR 8167, Paris
« Surat est bien connu comme le plus grand emporium de l’Empire Indien, on y trouve là à la vente toutes les marchandises possibles » Ovington, J., Voyage to Surat in the Year 1689, 1696 reprint OUP, 1929, 131.
Depuis le début du XVIIe siècle, le port dynamique, cosmopolite et populeux gujarati de Surat est perçu par les marchands et voyageurs européens comme l'Eldorado oriental, porte de l'Inde moghole et symbole de la richesse orientale dans tous ses excès. C'est là qu'est établi en 1668, dans le sillon tracé par les Anglais et les Hollandais, le tout premier comptoir français de la Compagnie Française des Indes Orientales sur le sous-continent indien.
Toutefois, incapable de surmonter ses difficultés financières et relationnelles, le comptoir cesse rapidement ses activités commerciales, décevant les espérances économiques et politiques françaises. Le comptoir est remodelé en 1773 sous la forme d'un établissement consulaire, qui inaugure, à court terme, la fonction diplomatique française en Inde.
Au-delà des aléas économiques et diplomatiques français en Inde, c'est de la réalité du comptoir de Surat, qui connaît son heure de gloire au XVIIe siècle, et de sa place dans le monde social, marchand et politique dont il est question. Que représente la présence française à Surat aux XVIIe et XVIIIe siècles ? Quelle est sa réalité territoriale, architecturale et sociale ? Sur la base de documents d'archives et d'une étude archéologique détaillée, la morphologie topographique de l'empreinte française sur le territoire et l'umland [alentours] du port mogholde Surat sera examinée.
Mardi 17 mai
Conférence animée par Romain Bertrand, directeur de recherches, Sciences Po, Paris
Manille, 1577, un enfant comparaît devant le gouverneur Francisco de Sande dans le cadre d'un procès d'Inquisition. De quoi le jeune Diego de Ávila s'est-il rendu coupable pour inquiéter à ce point le représentant du roi d'Espagne ?
Ensorcelé peut-être par des servantes indigènes, l'enfant, qui vit avec son oncle dans le couvent des Augustins, a rêvé qu'aux Enfers un siège était réservé pour le gouverneur...
Colportée par les soldats et les colons, la rumeur circule à Manille dans les arrière-cours et les cuisines et jusqu'au cœur du gouvernement municipal. Francisco de Sande ne peut le supporter.
À travers cette histoire extraordinaire, dont tous les détails sont romanesques et qui agit à la façon de ces tracteurs chimiques qui défient l'opacité des chairs, Romain Bertrand dévoile le paysage dérobé de la Conquête et défait, chemin faisant, la fiction de l'irrésistible expansion occidentale.
Car qu'est-ce-que la Conquête, sinon des commencements incertains qui voient les Espagnols, en lutte les uns contre les autres et taraudés déjà par le remords, ignorant tout d'un univers cosmopolite dont le cœur bat plus loin, être conquis plus qu'ils ne le conquièrent par le monde philippin et ses magies.
Mardi 28 juin
Conférence animée par Nicole Brugier, Spécialiste de la laque, Les Ateliers Brugier
Les grands paravents en laque de Coromandel figurent parmi les objets les plus précieux de l'art de la Chine. A travers leur décor exubérant, nous découvrons la vie des dignitaires dans leurs palais et leurs jardins, les occupations des lettrés, les voyages des Immortels et les beaux paysages de la Chine.
Nous suivons les aventures des voyageurs et des négociants qui traversent les mers pour ouvrir des relations commerciales entre l'Extrême-Orient et l'Europe et rapporter des cargaisons d'objets rares. Ces objets sont ensuite transformés et adaptés au cours des siècles par les grands ébénistes occidentaux pour satisfaire aux diverses modes.
Mardi 13 septembre
Conférence animée par Max Guérout, directeur des opérations du GRAN & Thomas Romon, archéologue à l'INRAP
La conférence retrace les 10 ans de recherches historiques et archéologiques effectuées sur l'île Tromelin. Exemple rare de fouilles sous-marines et terrestres simultanées, cette approche est indispensable pour élucider les conditions de survie des esclaves malgaches. C'est en effet avec les débris du bateau que les naufragés fabriquent les objets de leur vie quotidienne (outils et ustensiles de cuisine). Avec du bois flotté, ils alimentent un feu et construisent par deux fois des radeaux pour tenter de fuir l'îlot.
Les recherches nécessitent une équipe pluridisciplinaire, dépassant le dialogue entre sources historiques et vestiges archéologiques : géomorphologue, anthropologue, archéozoologue et ornithologue.
Au-delà, Tromelin forme un champ d'étude particulier. Il s'agitd'analyser les vestiges du séjour d'un nombre déterminé d'individus pendant une durée connue, sur un espace restreint et parfaitement délimité. L'étude des productions d'objets et de déchets, et de l'impact sur l'environnement du séjour des naufragés, constitue un laboratoire archéologique unique.
De retour de leur quatrième campagne de fouilles archéologiques sur l'île Tromelin, Max Guérout, directeur des opérations et Thomas Romon, archéologue, spécialiste des sépultures, font le point sur les informations recueillies. Ils traduisent, interprètent et s'interrogent sur les conditions de survie matérielles, psychologiques et sociales de ces captifs, oubliés dans leur prison maritime pendant 15 ans à partir de 1761.
Par Max Guérout (Groupe de recherche en archéologie navale - Gran) et Thomas Romon (Institut national de recherches archéologiques préventives - Inrap), commissaires de l'exposition Tromelin, l'île des esclaves oubliés.
Sylvain Savoia a rejoint une campagne de fouille sur l'île Tromelin. De cette expérience est né le livre Les esclaves oubliés de Tromelin : une bande dessinée qui redonne la parole aux esclaves, mêlée au journal de bord d'une mission archéologique (éditions Dupuis, collection Aire Libre).
Sylvain Savoia propose une visite de l'exposition de planches originales présentée au sein du musée de la Compagnie des Indes jusqu'au 30 octobre : De l'esquisse à l'album : Tromelin en bande dessinée.
Soirée en partenariat avec le café-librairie La dame blanche à Port-Louis, le musée de la Compagnie des Indes propose une rencontre-dédicace avec Max Guérout (Directeur des opérations du Groupe de recherche en archéologie navale, GRAN), Thomas Romon (Archéologue à l'Institut national de recherches archéologiques préventives, INRAP) et Sylvain Savoia (Auteur de bande-dessinée).
Max Guérout et Thomas Romon sont les commissaires scientifiques de l'exposition Tromelin, l'île des esclaves oubliés présentée à Lorient par le musée de la Compagnie des Indes au sein de la maison de l'Agglomération jusqu'au 30 octobre. Ils ont mené quatre campagnes de fouilles archéologiques sous-marines et terrestres sur l'île Tromelin, entre 2006 et 2013. Les recherches ont permis d'étudier les conditions de survie des naufragés et de replacer l'histoire de la tragédie dans l'histoire de la traite et de l'esclavage dans l'océan Indien. L'exposition est le fruit d'un partenariat notamment entre le GRAN, l'INRAP et le Château des Ducs de Bretagne à Nantes. Ils sont également les auteurs de l'ouvrage Tromelin, l'île des esclaves oubliés (CNRS éditions, coédition avec l'Inrap) dont la nouvelle édition revue et augmentée intègre des extraits du journal des archéologues.
Le dessinateur Sylvain Savoia a rejoint une campagne de fouille sur l'île Tromelin. De cette expérience est né le livre Les esclaves oubliés de Tromelin : une bande dessinée qui redonne la parole aux esclaves, mêlée au journal de bord d'une mission archéologique (éditions Dupuis, collection Aire Libre).
Une exposition des planches originales de Sylvain Savoia est présentée au sein du musée de la Compagnie des Indes jusqu'au 30 octobre 2016 : De l'esquisse à l'album : Tromelin en bande dessinée.
Vendredi 16 septembre 2016
Une journée de conférences autour de la naissance de Lorient, capitale de la Compagnie françaisedes Indes.
Cette journée est organisée par le musée de la Compagnie des Indes et l'Animation de l'architecture et du patrimoine de la Ville de Lorient, dans le cadre de la célébration du 350e anniversaire de Lorient.
Jeudi 13 octobre
Conférence animée par Jean-Marc Masseaut, vice-président des Anneaux de la Mémoire, directeur de rédaction des Cahiers des Anneaux de la Mémoire
Les origines de la traite atlantique et des esclavages sont de mieux en mieux connues par les Historiens d'Europe, d'Afrique et des Amériques. Les recherches, qui se sont beaucoup développées depuis les 20 dernières années, permettent de comprendre la complexité et l'importance pour tout le monde atlantique de ce long et tragique processus historique. Elles permettent aussi aux anthropologues de mieux identifier les divers héritages que l'histoire a légués au monde contemporain. Nous pouvons donc aujourd'hui présenter une vue d'ensemble précise et complexe de ce phénomène du passé dont de nombreuses conséquences restent prégnantes.
Les Anneaux de la mémoire à Nantes œuvrent depuis de nombreuses années en collaboration avec de nombreux partenaires autour du monde atlantique pour faire connaître l'histoire et en affronter les traumas enfouis dans les mémoires.
La démarche historique et anthropologique du projet "mémoires libérées", partagée par les Anneaux de la mémoire avec ses partenaires d'Afrique et des Amériques, est l'objet de la conférence.
Mardi 8 novembre
Conférence animée par Gilbert Buti, Professeur émérite des universités (Aix-Marseille Université)
La couleur rouge, hautement symbolique, était essentiellement produite en Europe en utilisant des coquillages (murex), des plantes (garance) et des insectes "récoltés" dans l'espace méditerranéen (vermillon) ou en Europe orientale (cochenille de Pologne).
Au 16e siècle, la cochenille mexicaine ou grana, insecte élevé sur les plateaux de la région d'Oaxaca et longtemps confondu avec une graine végétale, parvient en Europe. Elle se hisse rapidement parmi les colorants les plus recherchés par les teinturiers et l'élite marchande à savoir les négociants.
Le grand pouvoir tinctorial du produit et la solidité des couleurs obtenues de l'orangé au violet en passant par l'écarlate et le cramoisi rendent compte de sa haute valeur commerciale (après celle des métaux précieux) à l'origine de spéculations et arbitrages bancaires sur les grandes places européennes.
Cet étonnant produit atlantique, qui se substitue alors à un produit méditerranéen, est destiné aux manufactures européennes mais également au marché asiatique (via le Levant) sous forme brute ou de tissus teints.
À la fin du XVIIIe siècle on observe des tentatives d'acclimatation et d'élevage du produit dérobé à Saint-Domingue, puis en Italie du sud et en Asie. Toutefois son introduction, avec le soutien de l'État (Espagne et France), est surtout importante au début du 19e siècle aux Canaries et en Afrique du Nord. La production de colorants de synthèse dans la seconde moitié du XIXe siècle provoque l'effondrement de l'utilisation de la cochenille qui retrouve toutefois, mais de façon marginale, de nouveaux usages aux XXe et XXIe siècles.